Journée Mondiale sans tabac 2014 : La société civile ivoirienne engagée dans la lutte antitabac fait le point des ses activités

Selon Mr Tall, malgré les efforts consentis par la société civile ivoirienne, des défis restent à relever, en particulier l’adoption et la mise en application de lois antitabac conformément aux recommandations de la CCLAT.

Les données de la prévalence tabagique en Côte d’Ivoire permettent d’estimer à 5 000 le nombre de décès annuels liés au tabagisme dans la tranche des 40 à 70 ans et à 28 milliards de francs CFA le coût de la prise en charge correcte des patients tabagiques dans une structure médicale publique.  Dès lors le gouvernement ivoirien, conscient de cette épidémie et soucieux de la santé de ses populations, à l’instar de la quasi totalité des États dans le monde, a ratifié la Convention-cadre de L’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) le 28 janvier 2010. La société civile agit et exerce l’activité de suivi au niveau national pour la mise en œuvre du projet contenu dans cette convention de l’OMS.

En plus des activités initiées par chaque organisation, les organisations de la société civile se sont réunies au sein d’une faitière dénommée Réseau des ONG actives pour le contrôle du tabac en Côte d’Ivoire (ROCTA-CI). La société civile ivoirienne, à travers ce réseau, a initié et participé à plusieurs autres activités relatives à la lutte contre le tabagisme en Côte d’Ivoire et surtout la mise en œuvre de la CCLAT. Au plan national, celles-ci sont rangées dans les rubriques suivantes :

SENSIBILISATION ET FORMATION

  • Organisation de plusieurs conférences dans les établissements scolaires et universitaires du pays sur divers thèmes, notamment « les dangers du tabac sur la santé ».
  • Organisation d’ateliers de renforcement de capacité des acteurs (OSC, media et ministères techniques, organisations privées de transporteurs).
  • Organisation de campagnes d’affichage des signalisations d’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun.
  • Passage sur les canaux de communication (Radio nationale et de proximité, TV).

PARTICIPATION AUX ATELIERS

La société civile de Côte d’Ivoire a à son actif la participation ou l’initiation de plusieurs ateliers organisés à l’attention tant de ses membres que de d’autres acteurs.

  • Participation à l’atelier d’élaboration et de validation de l’avant-projet de loi portant interdiction de fumer initié par le Programme National de Lutte contre le Tabagisme, l’Alcoolisme, la Toxicomanie et Autres Addictions (PNLTA) les 19 et 21 mai 2012  avec l’appui financier de l’UNION dans le cadre du projet RIOC;
  • Participation régulière aux Journées Mondiales Sans Tabac (JMST 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014), en organisant des actions de sensibilisation (projection de films, passage radio, animation de stands) ;
  • Participation à l’atelier de renforcement de capacités sur l’article 5.3 de la convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) et révision de l’avant-projet de loi antitabac à l’Hôtel TEREZO, Grand-Bassam les 9 au 10 octobre 2013 avec l’appui financier de l’UNION ;
  • Participation à un atelier de formation sur le thème «l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage » le samedi 1er juin 2013 à l’OMS avec l’appui financier de ATCA ;
  • Participation à l’atelier d’élaboration des arrêtés accompagnant le décret d’interdiction de fumer dans les lieux publics initié par le PNLTA.
  • Participation à l’Atelier de plaidoyer pour un changement de fiscalité du tabac en Afrique de l’Ouest à l’intention des Députés membres  du Parlement de la CEDEAO le Mardi 11 février 2014 avec le CRES ;
  • Participation à l’atelier de sensibilisation des administrations fiscales pour un changement de taxation en Afrique de l’Ouest les 12 et 13 février 2014 avec le CRES ;
  • Participation à l’atelier de validation du document de plaidoyer et de mobilisation des acteurs clés dans le cadre du PROJET : «Plaidoyer et mobilisation des  acteurs clés pour  l’application du décret numéro 2012-980, portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun » les 6 et 7 juin 2014 avec l’appui financier de ACTA.

RECHERCHES ET ETUDES

  • Organisation d’une étude scientifique sur la contrebande des produits de tabac en zones ex-CNO assortie d’une parution  en version presse dans un journal de la place sous le titre « Ex-zones CNO : repaire des cigarettes de contrebande »  en 2011 ;
  • Organisation d’une enquête sur une étude comparative des marques de cigarettes et leurs prix sur les marchés  de Bouaké et d’Abidjan en 2012 ;
  • Exécution d’une évaluation de l’application du décret d’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun assortie d’un rapport validé à un atelier les 6 et 7 juin 2014 avec l’appui financier de ACTA.

LOBBYING ET PLAIDOYER 

De novembre 2009 au 31 mars 2010, les ONG ont participé à des actions de plaidoyer et de lobbying auprès de la Primature et de la Présidence de la République en vue de la ratification de la Convention-cadre pour la lutte antitabac en Côte d’Ivoire avec des partenaires locaux et internationaux (FCA). Ces actions ont abouti à :

  • la signature du Décret de Ratification et de Publication de la CCLAT le 28 janvier 2010 ;
  • la signature de l’Instrument de Ratification de ladite Convention en fin mars 2010 ;
  • la prise du décret n°2012-980 du 1er octobre 2012 portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun.

Aussi des actions au plan international ont été réalisées, notamment la participation à des ateliers tant à l’extérieur du pays qu’en interne, à l’exemple de l’atelier sur la taxation.               

L’activisme des acteurs de la société civile, au regard de ses performances, a été récompensé par la distinction de deux de ses membres lors de la commémoration de la Journée mondiale sans tabac en 2013 (M. TALL Lacina) et 2014 (M. Koffi Brou D.).

LES PERSPECTIVES

Selon Mr Tall, malgré les efforts consentis par la société civile ivoirienne, des défis restent à relever, en particulier :

  • L’adoption et la mise en application de lois antitabac conformément aux recommandations de la CCLAT ;
  • Le renforcement des capacités des personnels de santé et des acteurs de la société civile  en matière d’addictologie;
  • La décentralisation de la lutte contre les addictions par l’élaboration et la mise en œuvre de politiques de prévention sur toute l’étendue du territoire ;
  • L’équipement en matériel pour la mise en œuvre des différentes stratégies de lutte anti-addictions ;
  • La création et l’équipement d’unités de prise en charge des addictions (tabagisme, alcoolisme, toxicomanie) ;
  • La faible sensibilisation du public et des medias à l’égard des effets néfastes de la consommation et la production du tabac ;
  • La non association du ROCTA-CI dans les délégations officielles lors des rencontres internationales ;
  • Le développement des activités de suivi et évaluation.
  • Le relèvement de ces défis nécessite des ressources financières suffisantes.

Cette situation impose la recherche quotidienne de fonds additionnels auprès des partenaires extérieurs pour mener à bien les activités de lutte contre le tabagisme notamment. Malheureusement, cette recherche, la plupart du temps, se révèle infructueuse, vu les difficultés financières que connaissent également ces partenaires et leurs priorités.

Cette contrainte amène le ROCTA-CI à se limiter à la ville d’Abidjan pour la mise en œuvre de ses activités, tandis que l’épidémie tabagique progresse sur l’ensemble du territoire.    

 


OTAF/ms/03.07.2014